mercredi 19 décembre 2007

Des nouvelles de la promotion Orhan Pamuk

Présentation de la promotion, agenda des manifestations organisées par ACADEMIE, portrait d'anciens étudiants du Master Carrières Internationales, comptes rendus des conférences, retrouvez toutes ces informations sur la Lettre d'information. A consulter sans modération!


mercredi 5 décembre 2007

Mobilisation au profit d'Unicef


A l'approche des fêtes de fin d'année, les étudiants du Master Carrières Internationales animent un stand de vente de cartes de voeux et de produits Unicef. Le produit net de la vente servira à financer les programmes de l'Unicef.



Rendez-vous donc le jeudi 6 décembre, de 9h à 10h et de 13h à 17h, ainsi que le mardi 11 décembre, de 9h à 16h30, au Pôle tertiaire et sur le site Gergovia de l'Université d'Auvergne.

lundi 3 décembre 2007

Les relations France-Afrique

LES RELATIONS FRANCE AFRIQUE :

La France occupe, de par son histoire, un rôle de puissance régionale en Afrique. Dans la politique de la France vis-à-vis de l’Afrique Subsaharienne dominent des préoccupations culturelles, géopolitiques et humanitaires avec certains intérêts économiques, miniers, pétroliers ou de soutien de firmes recherchant des niches.
1) Les investissements français en Afrique


-Selon le Ministère des Finances et de l’Industrie, pour l’année 2006 les échanges avec l’Afrique représentaient environ 5% des échanges internationaux de la France. La présence économique hexagonale en Afrique se résume autour d’une vingtaine de groupes moyens et grands. Parmi eux : Bouygues et Vinci (construction), CFAO (distribution spécialisée), Rougier (bois), Total (hydrocarbures), Castel (bière), Dagris (coton), la Compagnie fruitière, Bolloré et CMA-CGM (logistique et transport), Veolia (eau), Accor (hôtellerie), Air France, BNP Paribas, Société générale (banque)...
-L’implantation des entreprises françaises en Afrique se porte vers les bordures méditerranéenne, méridionale et orientale du continent, au détriment de l’Afrique de l’Ouest et centrale, plus pauvre, plus instable et moins peuplée. Dans certains pays, comme en Centrafrique, le retrait hexagonal est très marqué.
-L’Afrique détient, avec quelques 110 milliards de barils, 9,4 % des réserves pétrolières mondiales. Total, l’héritier d’Elf, lui-même réalise plus de la moitié de sa production quotidienne continentale – 813 000 barils équivalent pétrole (gaz compris), 30 % de son total mondial – au Nigeria et en Angola. Restant le premier opérateur international privé du continent, il se voit ainsi concurrencé par les Etats-Unis en Afrique francophone, comme au Tchad, et dans les nouveaux pays producteurs, comme en Guinée-équatoriale.
Au Cameroun, au Congo Brazzaville et au Gabon, le bois fait la fortune de Bolloré et de Rougier.
Au Niger, l’uranium est exploité par la Cogema, assurant plus de 50% de l’approvisionnement des centrales françaises.
Fait l’affaire également le commerce du diamant en Centrafrique, du gaz en Algérie, des phosphates au Togo et au Maroc.
Quant à Bouygues, il a réalisé 1,2 milliards de chiffres d’affaires en Afrique.
L’ex-Compagnie française d’Afrique occidentale devenue CFAO, rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR), a réalisé plus de 2 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2005, dont les trois quarts sur le continent africain où l’enseigne, leader dans la distribution automobile et pharmaceutique, est présente dans 36 pays à travers 127 filiales.
Le commerce des armes entre 1996 et 2003 est assez lucratif : l’exportation des armes de la France en Afrique a représenté 30 milliards d’euros (Dassault, Lagardère).

Il est cependant étonnant de voir le retrait des entreprises françaises dans des secteurs longtemps dominés, comme l’exploitation de l’eau ou le bois. Ceci se caractérise par le mouvement général de retrait des sociétés multinationales issues des pays en développement, au profit de l’Europe, des Etats-Unis et des grands pays émergents l’Asie, l’Inde et la Chine.

2) Aide Publique au développement

-Objectifs : Susciter la croissance et réduire la pauvreté dans les pays concernés et ainsi, atteindre les objectifs du millénaire pour le développement à l’horizon 2015.
-Le programme (solidarité à l’égard des pays en développement) mise en œuvre par le ministère des affaires étrangères, comprend des crédits de coopération bilatérale (dans les domaines culturel, scientifique, universitaire, de lutte contre la pauvreté et de gouvernance).
Une priorité est donnée à l’Afrique par le soutien dans la mise en œuvre d’une politique régionale par le biais du NEPAD.
-L’Afrique du nord reste un partenaire privilégié de la France dans le cadre du partenariat euroméditerrannée. L’aide française au Maroc pour la période 2007-2009 passera de 300 à 460 millions d’euros.

-Le programme « codéveloppement », mis en œuvre par le ministère de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement resserre les liens entre l’aide au développement et le contrôle des flux migratoires.
-Deux accords bilatéraux de codéveloppement et de gestion des flux migratoires ont été signés, respectivement, le 23 septembre 2006 avec le Sénégal, et le 5 juillet dernier avec le Gabon, tandis que des négociations vont s’ouvrir prochainement avec la République du Congo et le Bénin.
Notant qu’un décret du 21 juillet 2007, indique la création d’un compte épargne codéveloppement permettant aux étrangers présents en France d’investir dans leurs pays d’origine tout en bénéficiant des exonérations fiscales.

Principales orientations pour 2008

D’après le ministère des affaires étrangères, la politique d’aide au développement doit être plus stratégique, plus efficace et plus lisible. Elle doit chercher à atteindre des résultats concrets et visibles :
1) concentration des priorités sectorielles en Afrique comme la santé, l’éducation et la formation, et le développement durable ;
2) définir l’aide au développement en tenant compte du respect de la démocratie, de la règle de droit ainsi que la lutte contre la corruption, et privilégier l’aide aux projets concrets, visibles sur le terrain et directement utiles aux hommes et aux femmes qui vivent dans les territoires.
Dans ce cadre les moyens consacrés à l’aide bilatérale en Afrique demeurent importants : 85 millions d’euros pour les bourses, 335 millions d’euros pour l’aide projet.



3) La présence militaire française en Afrique

- 3 bases permanentes (« Forces françaises de présence ») : à Djibouti (3000 hommes), au Sénégal (1100) et au Gabon (750).
- différentes OPEX (« Opérations extérieures ») : les 2 principales (qu’on a tendance à considérer comme des forces de présence permanente) sont :- l’opération Licorne en Côte d’Ivoire (2400)
- l’opération Epervier au Tchad (1100)
Egalement : l’opération Aramis au Cameroun (50) ; l’opération Corymbe dans le Golfe de Guinée (100) ; l’opération Boali en Centrafrique (400).

-Accords militaires bilatéraux :
-accords de défense avec 6 pays africains : Cameroun, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal et Togo.
-accords de coopération militaire (« Assistance technique militaire » ou ATM) avec beaucoup d’autres : Algérie, Bénin, Burundi, Centrafrique, Comores, Congo, Egypte, Guinée, Guinée Equatoriale, Madagascar, Mali, Maroc Mauritanie, Niger, Rwanda, Tanzanie, Tchad, Togo, notamment à travers un réseau de 14 « Ecoles nationales à vocation régionale » (ENVR), et à travers des « Missions de coopération militaire et de défense » (MCMD) présentes dans chaque ambassade et des « Services de coopération technique internationale de police » (SCTIP).

-Présence française également dans le cadre de missions sous mandats internationaux :
-ONU (ONUCI en côte d’Ivoire, MONUC en RDC, MINUEE en Ethiopie et Erythrée).
-UE (AMIS au Soudan, EUSEC et EUPOL en matière de sécurité et de police en RDC, bientôt EUFOR Tchad/RCA, autorisé par la résolution 1778 du Conseil de Sécurité de l’ONU le 25 septembre 2007.
A noter que la France assumait la fonction de « nation cadre », parmi 18 nations participantes, lors de la première mission de maintien de la paix autonome de l’UE, sans utiliser les moyens de l’OTAN (opération Artémis en RDC en 2003) et fournissait 80% des effectifs.

Il est prévu une réorganisation du dispositif militaire français en Afrique autour des 3 bases permanentes du Sénégal, du Gabon et de Djibouti. Depuis 1996, à travers le programme de « Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix » (RECAMP) destiné à former une force africaine d’intervention, l’objectif de la France est de mutualiser sa présence militaire sur le continent africain, tout en cherchant à « européaniser » celle-ci dans le cadre de la « Politique Etrangère de Sécurité Commune » de l’UE (PESC).

4) Politique culturelle de la France en Afrique :

- Objectifs : consolider la francophonie, for mer un ensemble linguistique et politique fort, par opposition au bloc Commonwealth. Le modèle scolaire est bien souvent, dans l’Afrique francophone, modelé sur la base du système français. L’exode des cerveaux est massif : près de 1/3 des diplômés africains quittent leur pays ; une part importante d’entre eux gagne la France.
-Par ailleurs, les projets Internet qui contribuent à améliorer la place du français dans le cyberespace, peuvent bénéficier d’un financement de l’Organisation à travers les fonds des inforoutes. C’est dans ce cadre que différents sites Internet ont pu voir le jour en Afrique.
-EX : réseau REFER qui permet la connexion de nombreuses universités africaines au réseau mondial avec la possibilité pour les enseignants et étudiants du Sud d’avoir accès à Internet à un moindre coût, parfois gratuitement. Cet aspect de vulgarisation du français sur Internet participe au développement des pays africains où les projets sont initiés, car au-delà de la dimension culturelle, il y a une action concrète pour promouvoir l’utilisation des nouvelles technologies en Afrique.

La francophonie en Afrique

La francophonie est plus efficace sur le terrain que certaines OI :
Ex : - Avec les réseaux centres locaux d’actions culturelles, les lieux de lecture, d’expression, de diffusion, des programmes en matière de maîtrise de l’énergie, avec TV5 .
La francophonie en Afrique représente presque 40 millions de francophones, dont 34 % en Afrique équatoriale de l'ouest, 29 % en Afrique tropicale, 25 % en Afrique équatoriale de l'est, et enfin 14 % en Afrique sahélienne.Dans l'océan Indien, le taux global de francophones est de 23 %, pour une population totale de 18,4 millions de personnes.
Le continent Africain détient après l’Europe le nombre le plus important de francophones (11% par rapport à sa population globale).
En Afrique Subsaharienne, les 3 pays qui regroupent le plus grand nombre de francophones sont : la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la RDC. En % de population, le Gabon est le premier avec 80% de sa population francophone.

Conclusion :

La politique africaine de la France connaît quelques évolutions qui se sont accentuées durant les années 1999 et 2000, à deux égards. D’abord la France s’intéresse à plus de pays hors du champ classique (strictement francophone) avec l’établissement d’une nouvelle catégorisation. Ensuite la France prône plus des relations multilatérales que bilatérales.
Par ailleurs, la France considère l’Union Européenne comme le nouveau lien de concrétisation de ses initiatives propres en Afrique. On irait donc vers une Européanisation des relations France- Afrique qui deviendraient un partenariat à 3 : France- Afrique- Union Européen

samedi 1 décembre 2007

Les relations euro-américaines sous George W. Bush

I- Les relations économiques et commerciales transatlantiques :

Une interdépendance commerciale très forte : les EU et l’UE sont l’un pour l’autre les principaux partenaires commerciaux, et ils entretiennent ensemble la relation bilatérale la plus importante en matière d’investissements. Ils représentent pour l’un et l’autre la source et la destination la plus importante d’Investissements directs à l’Etranger (IDE).

Si les différends commerciaux entre les EU et l’Europe pouvaient apparaitre comme les points de divergence fondamentaux avant le 11 septembre et la guerre en Irak, les relations économiques et commerciales sont aujourd'hui généralement présentées comme le facteur premier de stabilité dans les relations transatlantiques. De fait, les échanges commerciaux sont considérables : 1,7 milliards d’euros échangés de part et d’autre de l’Atlantique chaque jour, ce qui représente 40% des échanges mondiaux. Tandem euro-américain qui reste le moteur de l’activité économique mondiale.

Relation dynamique qui croit : + 8.9% dans les échanges de marchandises en 2006 : malgré les difficultés politiques, les liens économiques tendent à se renforcer.

4 grands différends commerciaux portés devant l’Organe de Règlement des Différends de l’OMC :

Commerce aéronautique

Différend opposant depuis 2004 les Etats-Unis à l'UE sur le sujet du soutien apporté par les gouvernements concernés à Airbus et Boeing : accusations mutuelles de concurrence déloyale sur les marchés publics, par des subventions apportées par les gouvernements aux deux compagnies : dossier en cours de règlement à l’ORD.

OGM

Plainte des EU contre l’UE : les EU, producteurs d’OGM, voient le moratoire décidé par l’UE en 1999 comme une concurrence déloyale : l’OMC a demandé la levée du moratoire, mais l’UE reste divisée sur la question : mesures de rétorsion de la part des EU fort probables si la Commission continue à autoriser l’interdiction par les Etats membres.

Acier

Après l'annonce le 5 mars par les Etats-Unis de la taxation de 8 à 30% pour trois ans sur certaines importations d'acier, l'Union européenne porte plainte le 7 mars devant l'OMC. Surtaxes condamnées par l’OMC en novembre 2003, et retirées par les EU.

Bœuf aux hormones

En juillet 1999, clôturant le différend qui oppose les États-Unis et l'Union européenne sur le bœuf aux hormones depuis 1996, l'Organe de règlement des différends (ORD) rend un jugement ne retenant pas le principe de précaution invoqué par l'Union européenne et autorise les États-Unis à taxer des produits européens, pour un montant de 116,8 millions de dollars par an.

Une relation économique institutionnalisée : sommets annuels UE/USA. Le dernier s’est tenu en Avril à Washington. A cette occasion, fut lancé le Plan d’Intégration Transatlantique, impulsé par l’Allemagne, dont le but est de réduire les barrières non tarifaires entre les deux partenaires. L’objectif de parvenir à un « marché transatlantique libre d’entraves à l’horizon 2015 » a été réitéré. Pour y contribuer, création d’un Conseil Economique Transatlantique.

Malgré le grand retentissement médiatique des différends commerciaux, ceux-ci ne représentent selon la Commission que 2% du volume total des échanges. Les accords conclus, bien que plus discrets, sont aussi plus nombreux. 1 exemple : accord « ciel ouvert » signé en 2007 qui instaure la libéralisation du trafic aérien, et qui devrait provoquer à partir de 2008 un boom du trafic aérien transatlantique. On a donc un mouvement de libéralisation croissante entre les 2 partenaires qui doit être confirmé lors du prochain sommet UE/EU, qui aura lieu pendant la présidence française de l’UE.

La question monétaire : la baisse du dollar pénalise les exportations européennes, et la France, rejointe récemment par l’Allemagne, commence à argumenter en faveur d’une baisse des taux directeurs de la BCE, afin de concurrencer les exportations américaines : domaine ou s’expriment certaines rivalités.

II- Les relations diplomatiques et militaires

Les relations instables entre l’UE et l’OTAN :

Le projet consistant à développer une politique européenne de la sécurité et de défense (PESD) fut lancé en 1999 en tant que composante distincte de la PESC de l’UE. L’objectif central de la PESD est de renforcer la capacité de l’UE à agir sur le plan externe à travers le développement de ses capacités civiles et militaires en matière de prévention de conflits internationaux et de gestion des crises.

Mais cette PESD, vis-à-vis de l’OTAN, pose un problème. Les EU peuvent-ils accepter une Europe de la défense autonome vis-à-vis de l’OTAN, qu’ils cherchent à imposer comme le cadre incontournable en matière de sécurité collective ?

La position américaine consiste à accorder une certaine autonomie décisionnelle pour une Europe de la Défense, tout en cherchant à subordonner toute intervention à l’utilisation des moyens militaires de l’OTAN. Ex de l’opération Concordia en 2003, opération de stabilisation de l’ouest de la Macédoine menée par l’UE avec les moyens de l’OTAN.

Pour l’administration Bush, l’opinion sur le développement de la PESD est que l’OTAN doit avoir le droit du premier refus sur toute mission que l’UE souhaiterait entreprendre.

Pour l’Europe, le but de la PESD n’est pas de remplacer l’OTAN, mais bien de compléter et consolider l’alliance avec les EU : les 2 organisations n’entrent pas en concurrence mais se complètent.

La coopération militaire :

Afghanistan, Octobre 2001 : guerre engagée autour d’un consensus entre européens et américains. Le 28 septembre 2001, le CSNU adoptait à l’unanimité une résolution (1373) sur la lutte globale contre le terrorisme dans laquelle était affirmée l’autorisation donnée aux EU de riposter à l’attaque subie le 11 septembre. Ils furent soutenus par 17 pays européens, dont certains ont participé à l’effort de guerre par le déploiement de troupes dans le cadre de l’OTAN : France (2000 hommes), Allemagne (2200), Italie (2000), Croatie, Pays Bas, Suède, etc.

Irak, 2003 : opposition dans les relations euro-américaines : l’intervention américaine en Iraq a opposé et divisé les européens entre eux. Axe franco-allemand (+Russie) qui pensait que tous les moyens pacifiques n’avaient pas été exploités afin d’éviter la guerre, contre « groupe de Vilnius », majoritaire, soutenant la stratégie américaine en Irak (Europe de l’est, G.B, Italie, Portugal, Espagne, Danemark). Crise importante entre la « Vieille Europe » (expression de Rumsfeld pour qualifier l’axe franco-allemand) et les Etats-Unis. C. Rice parle de « punir la France et ignorer l’Allemagne », campagne de « french bashing » aux EU.

On remarque un certain assouplissement de la politique étrangère américaine vis-à-vis de l’Europe à partir du deuxième mandat de G.W.Bush en 2004. Le changement rhétorique est important : C. Rice affirme la nécessité d’un lien transatlantique renouvelé, Bush devient le premier président américain à se rendre au siège de l’UE à Bruxelles en 2005. Les EU tout comme l’UE semblent se rendre compte qu’ils ont besoin l’un de l’autre pour faire face à toute une série de défis communs, et décident de s’engager dans une plus grande coopération sur un certain nombre de sujets brulants :

Les convergences diplomatiques euro-américaines :

Iran : Des 2001 les EU placent l’Iran dans l’« axe du mal » en n’excluant pas une intervention militaire préventive contre toute tentative iranienne de mener un programme nucléaire militaire. Depuis 2003 la Troïka UE-3 (France, Grande Bretagne, Allemagne) acceptent le programme nucléaire civil iranien mais Téhéran rejette très tôt le protocole d’accord avec les européens. En 2005, après la victoire de l’ultra conservateur Ahmadinejad, Javier Solana rappelle l’importance que l’UE attache aux reformes politiques et économiques de l’Iran et les progrès dans les domaines tels que les droits de l’homme, la non prolifération et la lutte contre le terrorisme. En 2006 la Troïka transfère le dossier iranien au Conseil de Sécurité, et est rejointe par les EU, la Chine et la Russie pour mener à bien les négociations. Cependant les européens ont récemment cessé de privilégier l’option diplomatique, notamment avec le changement de doctrine en France, et ont adopté une position ferme en faveur d’une nouvelle série de sanctions ; les opinions publiques, aussi bien américaine qu’européenne, restent opposées à une intervention militaire préventive.

Kosovo : Bruxelles et Washington approuvent le plan Ahtisaari concernant l’indépendance de la province mais celle-ci ne sera soutenue que s’il ya résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU. Cela semble impossible pour le moment étant donnée la position russe, qui menace d’utiliser son droit de veto.

Défense de valeurs commues : démocratie, paix, stabilité : 2 exemples
Birmanie : Il existe une politique multilatérale de sanction entre UE et EU contre Myanmar pour le respect des droits de l’homme. A la suite d’une attaque en mai 2003 contre la ligue nationale pour la démocratie (NLD), l’UE décide l’interdiction de visas aux militaires et hommes d’affaires birmans, tandis que les EU adoptent des sanctions plus préjudiciables pour l’économie birmane en adoptant la Burmese freedom and democratic act. Entre octobre et septembre 2007, à la suite des répressions birmanes contre les manifestations des moines bouddhistes, les EU et l’UE se joignent encore dans des négociations multilatérales au sein de l’ONU, mais Myanmar refuse toute ingérence occidentale sous l’instrumentalisation de l’ONU.
Darfour : En 2006 l’UA transmet la question du Darfour à l’ONU. Les EU, après avoir dénoncé l’existence d’un génocide dans la région, réclament des sanctions du Conseil de sécurité. Des sanctions contre le gouvernement soudanais sont alors décidées tandis que le Soudan refuse tout envoi de casques bleus comme le demandent les résolutions américaines. En 2007 résolution française acceptée a l’unanimité au CSNU pour l’envoie d’une force mixte ONU-UE.

Conflit israélo palestinien : politique de soutien inconditionnel à Israël, avec utilisation du veto au CSNU pendant 7 ans. L’UE quant à elle a maintenu une position en faveur du respect du droit international par Israël : la CIJ condamne l’édification d’un mur par Israël sur le territoire palestinien occupé (avis du 9 juillet 2004). L’UE a également condamné l’intervention militaire israélienne en territoire libanais pendant l’été 2006. Toutefois, EU et UE rapprochent leurs positions : position commune pour le droit des palestiniens à un Etat viable, et le droit pour les Israéliens à la sécurité. Cette position est celle mise en avant par les EU et l’UE à la Conférence d’Annapolis qui se tient en se moment même aux EU.

Les divergences diplomatiques :

Kyoto : Les Etats Unis refusent toujours de signer le Protocole de Kyoto, malgré la campagne active de l’UE en faveur de celui-ci. Toutefois, sous la pression internationale, en septembre 2007, Bush a proposé aux nations les plus pollueuses du monde de se retrouver cet automne "pour fixer un objectif de réduction à long terme des gaz à effet de serre".

Cour Pénale Internationale : dès son élection en 2000, Bush retire la signature de Clinton au Statut de Rome de 1998. La position américaine consiste à refuser catégoriquement qu’un citoyen américain puisse être traduit devant la CPI. Ils mènent pour cela une campagne active pour la signature d’accords d’immunités. L’UE quant à elle a adopté en 2001 une position commune soutenant le Statut de Rome et appelant à sa ratification par tous les Etats.

Défense des Libertés Civiles : critiques européennes sur la façon dont est menée la guerre contre le terrorisme : Guantanamo, Abu Grahib, prisons secrètes de la CIA.

Réforme de l’ONU : Les EU ont adopté une position en faveur d’un siège permanent unique pour l’UE au CSNU. Cette position se heurte évidemment à l’opposition de la France et de la Grande Bretagne qui ne veulent pas abandonner leur siège individuel.

On observe donc un certain « partage des tâches » entre l’Union Européenne et les Etats Unis. L’administration Bush prend conscience qu’elle ne peut faire face unilatéralement aux nombreux défis contemporains, qui réclament pour la plupart des réponses concertées. Si certains sujets de discorde demeurent, les nouveaux gouvernements européens, dont la tendance est plus atlantiste que celle de leurs prédécesseurs, ainsi que la perspective d’un changement d’administration à Washington dans l’année qui vient, confirment les perspectives de renforcement d’une relation qui se veut déjà solide et indispensable, aussi bien pour l’UE que pour les EU.

dimanche 25 novembre 2007

Sur les traces d'Aphrodite - Rencontre avec l'Ambassadeur de Chypre en France


Le 22 novembre dernier, les étudiants du master "Carrières Internationales" recevaient Son Excellence Monsieur Pericles Nearkou, Ambassadeur de Chypre en France. Occasion pour chacun de faire plus ample connaissance avec cet Etat membre de l'Union européenne à la croisée des civilisations depuis des millénaires et éminemment stratégique de par sa situation exceptionnelle en Méditerranée orientale.

Après un bref panorama sur l'histoire insulaire et un rappel du profond attachement du gouvernement chypriote aux valeurs européennes, la discussion s'est naturellement portée sur le différend qui oppose Chypre à la Turquie, relatif à l'occupation depuis 1974 par l'armée turque de 37 % du territoire chypriote. Il fut notamment question du plan Annan reposant sur la création d'une entité fédérale et des raisons de son rejet par la population chypriote grecque lors du référendum du 24 avril 2004 (inversion « inacceptable » du schéma victime/occupant, présence de trois juges étrangers au sein d'une Cour suprême disposant de pouvoirs exécutifs et législatifs au mépris de la souveraineté nationale).

Il a également souligné l'importance des relations franco-chypriotes, principalement des coopérations universitaires et du réseau de la Francophonie.

samedi 17 novembre 2007

Conférence de l'ambassadeur de Chypre le 22 novembre

Après avoir tenu une conférence ouverte le matin, Son Excellence Monsieur Pericles Nearkou, Ambassadeur de Chypre en France, viendra s'entretenir avec les étudiants du master dans l'après-midi du jeudi 22 novembre.

Annulation de la journée d'études du 20 novembre: "A l'Est de l'Europe: de la "souveraineté limitée" au voisinage partagé"

Intervenants initialement prévus : Silvia Serrano, Françoise Daucé, Frédéric Charillon, Christine Bertrand, Céline Bayou, Jean-Pierre Massias, Anne de Tinguy, Isabelle Facon, H. Derrouich, Laure Delcour, Marie-Elisabeth Baudoin, Klaus Giesen, Olga Belova, Anaïs Marin.

jeudi 8 novembre 2007

Présence et action de la France aux Nations-Unies

La France a assuré la présidence du Conseil de Sécurité en septembre 2007. Elle est un membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, et a donc un droit de véto. Elle l’utilise cependant peu, seulement 18 fois depuis le début de l’ONU, contrairement à la Russie (122) et aux USA (81).

Les grands défis français : une meilleure prise en compte de l’ONU dans les débats internationaux, notamment le conflit israélo-palestinien, la souveraineté de l’Irak, des relations privilégiées avec l’Afrique et une aide à l’Afghanistan. Cependant depuis l’ère Sarkozy, le gouvernement français cherche surtout à rendre plus efficace et légitime l’organisation internationale. Comment la France rend-elle compte de cette thématique à l’ONU?

Les acteurs : France / ONU, une présence relative

· Participation dans les organes

Actuellement, il y a 16 participations permanentes de la France aux NU comme par exemple au Conseil de Sécurité, à la commission sur le désarmement, comité du HCR, CNUCED, Comité des OMP, comité spécial visant à éliminer le terrorisme international.

14 participations dans les organes soumis à vote et mandat dans les NU, et 2 dans des organes dépendant des NU.

Participation non permanente de la France dans les organes des Nations Unies

Nom de l’organe

Fin de mandat

Noms des personnalités françaises

Activités aux NU

Organisation mondiale des douanes

juin-08

Michel Danet, Secrétaire général

Postes de chef d'agence

Union postale universelle

déc-08

Edouard Dayan, Directeur général

Cour internationale de justice

janv-09

Ronny Abraham

Experts aux Nations Unies

Droits de l’homme (Comité)

déc-07

Christine Chanet

Droits économiques, sociaux et culturels (Commission)

déc-07

Philippe Texier

Élimination discrimination envers les femmes (Comité)

2008

Françoise Gaspard

CCVINU

nommée en 2000

Thérèse Delpech

Comité du Contre terrorisme

depuis le 07/01/02

Joël Sollier

Conseil consult. questions désarmement


Pascal Boniface

Corps commun d’inspection

2006-2010

Gérard Biraud

Conférences (Comité)

déc-08


Participation de la France dans les organes des NU

Développement durable (Commission)

avr-08


Développement social (Commission)

déc-07


Droits de l’homme (Commission)

déc-07


Établissements humains (Commission)

déc-08


Statistique (Commission)

déc-09


Stupéfiants (Commission)

déc-07


Tribunal administratif

2007

Brigitte Stern

Juges aux Nations Unies

Tribunal international du droit de la mer

sept-11

Jean-Pierre Cot

Tribunal pénal international ex-Yougoslavie

nov-08

Jean-Claude Antonetti

Département des OMP


Jean-Marie Guehenno

Secrétariat des Nations Unies

Caisse commune des pensions des Nations unies


Bernard Cocheme

Porte-parole du secrétaire général


Stéphane Dujarric de la Rivière












































2 postes de chefs d’agence, 11 postes de juges et experts et 3 postes au secrétariat des NU.

Mais trop faible pour avoir un poids effectif

Solutions : Certes, la France a des positions permanentes, mais il faut encore former des experts prêts à s’engager aux NU et à faire un travail de recherche sur les domaines dont a besoin l’organisation. Il faut aussi former les Français à l’anglais, et les rendre bilingues, afin de les rendre immédiatement opérationnels dans les deux langues de travail à l’ONU.

Ouvrir plus de parcours menant à l’international dans les universités, et les préparer à faire ce travail d’expertise.

· Des contributions importantes au budget de l’ONU :

Après la réforme de 2000 sur le barème des contributions, la France est le 5e contributeur au budget organisationnel de l’ONU (budget ordinaire, maintien de la paix, tribunaux internationaux).

En 2005 : 421,78 millions d’euros de contributions obligatoires pour la France.

Le pourcentage des dix premiers contributeurs au budget ordinaire de l’ONU en 2005 :

1

Etats-Unis

22%

2

Japon

16.62%

3

Allemagne

8,58%

4

Royaume-Uni

6,64%

5

France

6,30%

6

Italie

5.08%

7

Canada

2,98%

8

Espagne

2,97%

9

Chine

2,67%

10

Mexique

2.26%

Budget ordinaire de l’ONU en 2005 avec les 10 premiers contributeurs représentent 76% du budget global de 2 milliards de dollars.

Cependant elles sont moins importantes que d’autres pays ne siégeant pas au conseil de sécurité

Malgré le système de barème de participation, le moindre financement français peut rendre la présence de la France au conseil de sécurité moins légitime, et la demande de réforme pour une augmentation des membres avec droit de véto est compréhensible. La France doit donc plutôt continuer sur la voie de la réforme afin de garder un rôle prépondérant dans l’organisation. Notamment en plaidant pour l’entrée au Conseil des pays économiquement fort comme l’Allemagne et le Japon ; mais aussi des pays d’Afrique, où elle a des intérêts importants qui lui seront facilités grâce à cette prise de position.


Sur un autre registre, les entreprises françaises ont tout intérêt à rester sur le marché de l’ONU. Elle est le 3e fournisseur de biens et services à l’ONU en 2004. Plusieurs marchés sont détenus par des entreprises françaises, notamment pour l’UNICEF pour qui elle est le deuxième fournisseur avec un volume d’achat en 2004 de 72 millions de dollars. C’est un partenaire financier fort.

L’action de la France aux Nations Unies demande une plus grande coordination

· Les opérations militaires françaises avec l’ONU

Sa participation financière se chiffre à 270 millions d’euros en 2006 et prévisionnellement à 300 millions d’euros en 2007 (en raison des nombreuses nouvelles opérations : Timor, Liban, Darfour) pour un total de 5 milliards d’euros du budget des OMP. Quote part de la France : 7,5%.

La France est le premier contributeur de personnels aux OMP parmi les membres permanents avec 2000 employés actuellement, et se place au 10e rang parmi tous les contributeurs.

Ses participations les plus importantes sont au Liban avec 1614 militaires au sein de la FINUL. En Afrique, 232 personnes employées en tant que militaires, policiers ou observateurs militaires. Les forces déployées les plus importantes sont en Côte d’Ivoire (197). Il y a aussi majoritairement des observateurs militaires (28) en Ethiopie-Erythrée, Liberia, RD Congo, Sahara occidental. En Amérique, la seule participation est en Haïti avec une majorité de policiers (78). Le Kosovo et la Géorgie reçoivent 50 personnels français, surtout des policiers (47).

Cependant ces opérations sont regroupées avec d’autres organes, ce qui ne renforce pas la légitimité de l’ONU en tant que seule force internationale d’intervention

La France déploie aussi des forces dans ces régions avec d’autres organismes comme l’Union Européenne pour la Bosnie et le Congo (EUFOR Althéa et EUPOL Kinshasa), l’OTAN, pour le Kosovo et l’Afghanistan.

Rôle spécial en Afrique pour le maintien de la paix.

Le projet RECAMP (renforcement des capacités africaines de maintien de la paix) développé en 1997, cherche à remplir trois objectifs : formation, entraînement et soutien d’une force africaine de maintien de la paix. Celui-ci se fait sous la direction du conseil de sécurité, et se fait en partenariat avec l’UE et l’Union Africaine. Une école politique en Afrique a aussi été mise en place.

· Une présidence française qui se veut présente sur tous les fronts d’actualité lors de sa présidence :

LIBAN - Elle s’occupe des conflits immédiats : tribunal spécial chargé de l’enquête sur l’assassinat de Rafik Hariri, condamnation de l’attentat contre le député libanais Antoine Ghanem, promotion d’une élection présidentielle le 23 octobre selon les processus constitutionnels.

BIRMANIE - Elle condamne le régime birman, et appelle à ouvrir le dialogue avec l’opposition. Le conseil de sécurité a réussi à envoyer un message officiel et unanime au régime birman condamnant les répressions du régime face au mouvement d’opposition le 11 octobre 2007. Ce texte a été initié par la France, le Royaume Uni et les USA.

IRAN - Sa position sur l’Iran : Même si le nucléaire civil n’est pas exclu, « Pas d’arme nucléaire pour l’Iran », a dit Sarkozy lors de la 62e assemblée générale des NU. Si l’Iran le fait, une résolution de sanction au Conseil de sécurité sera votée et il pourrait aussi y avoir des représailles de la part de l’UE. Renforcement des sanctions voulu par la France. La France a changé de position depuis l’ère Chirac, qui défendait les intérêts pétroliers de la France dans la région. Elle s’est rapprochée des positions américaines sur la question en allant au-delà des positions de l’ONU. Perte de crédibilité sur la scène internationale en tant que négociatrice car elle brandit trop haut le pouvoir de sanction.

AFRIQUE - La France profite de sa présidence pour rappeler les conflits au Soudan, le Tchad et la République Centre Africaine.

TCHAD ET RCA - Résolution 1778 du 26/09/07: déploiement d’une présence internationale à l’est du Tchad et au nord est de la RCA prévue fin octobre après les pourparlers en Libye en vue de négociations entre Soudanais.

DARFOUR - La France condamne les attaques dont les soldats de l’Union Africaine ont été victimes au Darfour, et appelle à l’application de la résolution 1769 (déploiement d’une force hybride NU/UA au Darfour pour le maintien et respect de la paix). Prolongement du rapport d’experts jusqu’à fin septembre 2008 sur la situation.

- Elle traite aussi les dossiers récurrents :

CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN - Renforcement des relations bilatérales avec Israël surtout depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Fin d'une politique « pro-arabe », mais conservation de relations privilégiées. Soutien des forces politiques « modérées » palestiniennes en vue de la création d'un Etat palestinien viable vivant en sécurité avec Israël. Rejet du hamas. Visite de B. Kouchner au Proche-Orient du 10 au 13 septembre qui a promu une reprise des négociations. Préparation d’une conférence de paix aux USA en novembre.

AFGHANISTAN - Renouvellement le mandat de la force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan.

Mais elle ne croit pas forcément à la force de l’ONU

Sarkozy et Kouchner ont un discours commun sur l’ONU. Ils font part de leur inquiétude pour la légitimité et efficacité des institutions internationales lors du discours de la 15e conférence des ambassadeurs au palais de l’Elysée le 27 août 2007. « La politique et l’armée doivent être beaucoup mieux liées ». Que ce ne soit pas seulement des opérations militaires, mais que ce soit plutôt des actions réfléchies. Kouchner appelle à ce que l’ONU soit plus forte pour garder cette légitimité, pourtant, la France s’est engagée dans la résolution de conflits (Iran, conflit israélo-palestinien) en dehors de l’ONU.

Solutions : Il faut donc que le gouvernement français se montre plus positif envers l’ONU pour la légitimer aux yeux de l’opinion publique. Ainsi elle pourra imposer ses idées plus facilement. La France a tout intérêt à favoriser l’ONU, seule organisation qui est légitime pour intervenir militairement dans les pays.

- La France doit aussi apprendre à coordonner ses ministères lors de séances de travail à l’ONU. Certes le MAE est très efficace, mais les autres ministères importants tels que Eco et Fi, industrie s’allient surtout en matière de politiques économiques et sociales. Il faut plus d’expertise sur ces sujets.

La France dans l’Union européenne : réseaux, influence, action

La victoire du non (54,68%) au référendum pour le traité constitutionnel européen a plongé la France et plus largement l’Union européenne dans un blocage institutionnel et politique. Le deuxième mandat de l’ancien président Jacques Chirac a été marqué par un faible leadership et par une multiplication des conflits avec ses partenaires européens qui ont eu pour conséquence l’isolement de la France. L’Union européenne est dans une impasse et certains voient dans l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy la possibilité de relancer l’Europe et de redonner à la France son rôle moteur historique dans la construction européenne, notamment avec la proposition d’un « mini-traité » pour une relance institutionnelle de l’UE.

  • La France dans l’UE : un pilier économique, politique, démographique et militaire

1) un pilier économique : La contribution au budget de l’UE de chaque pays est fonction de la richesse et de la taille du pays. La France est le deuxième contributeur net au budget de l’Union européenne (16,43% du budget 2006) derrière l’Allemagne (20,56%). Viennent ensuite , l'Italie avec 13,70 % et le Royaume-Uni avec 12,36 % (correction britannique, depuis l'accord de Fontainebleau de 1984, comprise).


2) un pilier politique et diplomatique : La France possède 78 sièges au Parlement sur 785 soit un pourcentage de 9,93% du total des sièges et 29 voix au Conseil soit 8,41%. Ces chiffres vont se transformer notamment avec l’accord trouvé à Lisbonne les 18 et 19 octobre dernier sur le « traité simplifié ». Dès la nouvelle legislature en 2009, la France aura 74 sièges au Parlement sur un total de 750 ce qui ramène à 9,86% du total des sièges. Par contre, la France du fait de sa force démographique bénéficiera d’une revalorisation de sa position au Conseil grâce au système de double majorité[1] qui devrait être mis en place en 2014.

Diplomatiquement, même si on est loin de la période où la France a présidé pendant 10 ans la Commission avec Jacques Delors (1985-1995), elle maintient toujours une forte présence diplomatique en placant ses fonctionnaires européens à des postes stratégiques :


Organe

Noms des personnalités françaises

Fonctions






Commission

Jacques Barrot

Vice président, chargé aux transports



Hervé Jouanjean

Secretaire général adjoint






Directeurs généraux

Jean-Luc Demarty

agriculture


Odile Quintin

culture et éducation


Robert Verrue

fiscalité et union douanière


Hérvé Carré

Eurostat


Claude Chêne

Personnel et administration


Michel Petit

Service juridique, dirige les travaux de rédaction du traité simplifié






Conseil de l'UE

Pierre de Boissieu

Secretaire général adjoint



Jean-Claude Piris

Chef du service juridique






BCE

Jean-Claude Trichet

Président


Comité militaire de l'UE

Général Henri Bentégeat

Président


Comité des Régions

Michel Delebarre

Président



3) une puissance démographique : la France avec 63,8 millions d’habitants est le deuxième pays le plus peuplé de l’UE derrière l’Allemagne (82,4 millions). La France rassemble 14,3% de la population de l’UE.


4) une puissance militaire : la France est la deuxième puissance militaire dans l’UE derrière la Grande Bretagne. Ils sont les deux seuls pays de l’UE à posséder l’arme nucléaire.


  • Le couple franco-allemand

Difficile d’évoquer la France dans l’UE sans évoquer l’Allemagne car la France et l’Allemagne sont historiquement le couple moteur de la construction européenne, tandem institutionnalisé par le traité de l’Elysée de 1963.

- Konrad Adenauer et Charles de Gaulle (1958-1963)

- Willy Brandt et Georges Pompidou (1969-1974)

- Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)

- Helmut Kohl et François Mitterrand (1982-1995)

- Gerhard Schröder et Jacques Chirac (1998-2005)

- Angela Merkel et Nicolas Sarkozy (2007- ?)

Angela Merkel qui mène une politique étrangère active et décomplexée de son passé s’éloigne de la position traditionnelle de soutien à la politique française. La chancelière allemande cherche à se distancier du couple franco-allemand et tente d’asseoir une nouvelle influence sur ses partenaires européens. On est loin du couple Schröder et Chirac qui avait fait bloc lors de la crise irakienne, contre leurs partenaires européens. Aujourd’hui l’Allemagne est agacée par l’attitude du président français notamment lors de la crise des infirmières bulgares ou lorsque Nicolas Sarkozy critique unilatéralement la politique de l’euro fort de la BCE pour qu’elle fasse en sorte de réduire la valeur de l’euro pour faciliter les exportations françaises. D’un point de vue personnel et diplomatique donc, le couple franco-allemand incarné par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ouvre une nouvelle période pour le tandem, qui de toute façon ne peut plus être l’élèment moteur de la construction européenne dans une Europe élargie.


  • La France et l’élargissement de l’UE

Entre 2004 et 2007, 12 nouveaux pays essentiellement de l’Europe centrale et orientale (PECO) ont intégrées l’UE. Cet élargissement est au fondement d’une évolution des rapports de force en Europe dans lesquels la France semble perdre son statut de moteur dans la construction européenne. Géographiquement d’abord, l’élargissement à l’Est éloigne la France du centre de gravité européen. Et diplomatiquement ensuite, l’UE ne peut plus fonctionner autour d’un couple moteur unique comme l’a été le couple franco-allemand. La France n’a plus le même pouvoir dans une Europe à 12 que dans une Europe à 27. Il est nécessaire pour la France de multiplier son influence aux autres pays européens. La France doit se tourner vers la GB pour les questions de défense, vers les pays de l’Europe du Sud pour une coopération renforcée avec le continent africain sur les questions d’immigration notamment. De plus, une politique énergétique ne se fera pas sans le soutien de certains pays influents de l’Europe de l’Est comme la Pologne. La France doit donc réfléchir à de nouvelles stratégies d’influence pour maintenir sa position dans l’UE. La question de l’élargissement à la Turquie et aux Balkans est aussi un futur enjeu pour Nicolas Sarkozy qui s’oppose à la candidature turque. Le président français veut dans cette thématique de l’élargissement créer un « comité des sages » pour dresser entre autre les frontières de l’Europe.


  • Les grands dossiers de la France

La France a incontestablement fait son empreinte sur l’architecture institutionnelle et politique de l’UE, et si de nos jours cette dominance de jadis semble irréversiblement érodée, Paris continue d’influencer et d’orienter la construction européenne, notamment à travers les grands dossiers qui lui tiennent à cœur.

1) L’Europe politique : regarder l’Europe comme une construction avec une finalité politique qui mène au-delà des aspects purement économiques, était toujours marquant pour la politique européenne de la France. Quand même ne faut-il pas oublier le dilemme qui était lui aussi toujours présent entre la volonté d’une leadership dans une Europe forte mais nécessairement plus fédérale, et la crainte de diluer, de perdre sa souveraineté et son indépendance dans une telle Europe. (Ce dilemme a été marqué d’une manière dramatique au référendum du 29 mai 2005). A ce dilemme s’ajoutent les difficultés à définir cette finalité ensemble avec les partenaires européens. Quelle Europe veut-on : une Europe à la française, à la britannique ou à l’allemande ?

2) L’Europe de la défense : incontestable puissance militaire européenne, la France a toujours voulu faire de l’Europe une Europe-puissance ou une Europe de la défense, prolongement de ses visions et de ses ambitions, « un des pôles dans un monde multipolaire », qui était toujours un point de tensions avec les partenaires plus atlantistes. Le lancement de la PESC et de la PESD avait comme mission aussi de contrebalancer la perte de poids de la France dans l’ère post-bipolaire contre une Allemagne émancipée et désireuse de redresser les équilibres continentaux. Malgré les avancés dans ce domaine et les succès français d’orienter l’action extérieure de l’UE (Congo, Darfour, RCA-Tchad), l’avenir de l’Europe de la défense reste incertaine. S’ajoute aussi tout naturellement la vision d’une Europe spatiale, porteuse des ambitions françaises dans l’espace, qui montre un bilan aussi ambigu (avec le succès de l’Ariane et avec les difficultés de Galileo notamment) que le reste du concept de l’Europe de la défense.

3) La politique agricole commune : unique politique incontestablement communautaire et prégnante dès le début sur la construction européenne, la défense des intérêts de l’agriculture française était toujours prioritaire pour la France. Deuxième exportateur des produits agro-alimentaires et dotée d’un leader particulièrement attaché à l’agriculture, la France de Jacques Chirac, désireuse de conserver ses privilèges et ses acquis en ce domaine, s’est naviguée peu à peu dans l’isolation à l’envers de ses partenaires européens. Nicolas Sarkozy, tout en restant défenseur des intérêts agricoles, se veut comme initiateur de la nouvelle réforme de la PAC, ainsi pouvant influencer les contours de cette dernière.

4) Le renouveau de la structure institutionnelle : la réforme institutionnelle rendue nécessaire à cause des futurs élargissements de l’UE n’était achevée que partiellement avec le traité d’Amsterdam et celui de Nice, et le refus du traité constitutionnel menaçait l’Europe des 27 d’une véritable crise institutionnelle. Le « mini-traité » (ou « traité simplifié/réformateur/modificatif ») proposé par le président Sarkozy avait pour but de rendre l’Europe plus efficace et plus flexible à l’intérieur comme à l’extérieur (présidence permanente, haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le nouveau système de vote à double majorité, l’extension du vote à majorité qualifiée, etc.), ce qui semble atteint après le sommet de Lisbonne du 18-19 octobre 2007. L’objectif de l’autre réforme importante de ces dernières années, celui de la coopération renforcée, était d’empêcher un éventuel blocage de l’UE en créant un groupe du « vouloir vivre ensemble » et un autre du « vouloir agir ensemble », tenant compte des différences entre les pays membres concernant leurs capacités et leur volonté de s’impliquer dans les projets de l’UE.

5) L’Europe sociale et culturelle : confrontée à son déclin dans les composantes de la puissance dure (« hard power »), la France s’efforce de mettre en jeux sa puissance douce (« soft power »), notamment en projetant son modèle sociale et culturelle sur l’Europe, constituant ainsi un bastion contre le néolibéralisme anglo-saxon et l’américanisation des cultures. Ses efforts restent tout de même fragiles compte tenu des problèmes d’adaptation du modèle social français à la mondialisation, mettant en cause l’exemplarité de ce dernier.

6) M. Sarkozy, lors de son discours du 27 août devant les Ambassadeurs de France, avait mentionné trois autres domaines qui seront aussi à l’agenda de la présidence française : la politique de l’immigration, la politique énergétique et la politique environnementale. La première étant inspirée par les difficultés réelles auxquelles les pays de l’Europe occidentale se trouvent confrontés à cause de la pression d’immigration des pays du Sud et les incontestables problèmes de l’intégration ; la deuxième désireuse d’ouvrir un débat général sur les futures sources énergétiques de l’UE ; la troisième faisant face aux problèmes très complexes comme la pollution, la soutenabilité de la croissance économique ou le changement climatique.

La France prendra la présidence de l’UE au deuxième semestre 2008. C’est l’occasion pour le président français de mettre en œuvre ses promesses de « retour de la France dans l’UE ». Mais pour être un modèle en Europe, la France doit d’abord prouver la viabilité de ses réformes économiques internes. Le président français doit aussi apprendre à jouer la carte du multilatéralisme pour ne pas se mettre ses partenaires à dos. Il y a un danger potentiel que l’éventuel irritation que pourrait avoir comme conséquence le « style Sarko », celui de l’ « hyperprésident » parmis certains partenaires européens, pourrait ramener la France dans l’isolement d’où elle vient de sortir.



[1] Le traité simplifié prévoit d'introduire à partir du 1er novembre 2009 un nouveau système de majorité qualifiée basée sur une double majorité : celle des États membres et celle des citoyens. La majorité qualifiée sera alors atteinte lorsqu'une décision réunira 55 % des États membres (avec un minimum de 15 États) représentant au moins 65 % de la population de l'Union.